Alors que se prépare la célébration du lancement des Assises Nationales, le Directoire de Bes Du Ñakk a décidé de rediffuser la fameuse lettre que Serigne Mansour SY Djamil avait envoyée au Président du Bureau des Assises Nationales, Monsieur Ahmadou Moctar MBOW. Cette lettre marque l’étape d’une lutte qui n’a rien perdu de ses enjeux et de son âpreté. Ce fut dans un contexte de haute tension où le pouvoir d’alors menaçait tous ceux qui devaient s’associer, de près ou de loin, à l’initiative des Assises Nationales. Nous saluons ici le courage de tous ceux qui, comme lui, malgré les menaces du régime d’alors, ont très tôt compris le nouvel élan que les Assises Nationales voulaient impulser pour un Sénégal nouveau alors que les fondements-mêmes de notre nation étaient menacés et bafoués.
Courageuse et lucide fut l’élite patriotique du pays qui, pendant deux ans, sans relâche, sous le leadership de Amadou Mactar Mbow a répondu à ce questionnement pluriel sur tous les secteurs d’activité de notre pays. Un engagement sans faille et un dévouement sincère qui a conduit aux Conclusions des Assises Nationales et à la Charte de bonne gouvernance.
Conséquence lointaine ou immédiate des assises nationales, la création de Bes Du Ñakk Mouvement Citoyen pour la Refondation Nationale. En effet, certains animateurs et non des moindres des Assises Nationales ont été les premiers fantassins qui ont mis en place le Mouvement Citoyen pour la Refondation Nationale après avoir informé les principaux acteurs Niasse, Tanor, Dansokho, Bathily, Diallo Diop, c’est-à-dire les dirigeants de partis politiques. Parmi ses initiateurs, venus des assises, avec des degrés divers d’implication nous citerons Aliou DIACK, Maguéye KASSE, Abdou Salam FALL, Ousmane SANE, Charles GUEYE, Amacodou DIOUF, Françoise CORREA, Mansour SY Djamil, Jupiter SARR, Mouhamed Mbodj, Pape Touti Sow, Katy Wone CISSE, Aïda NIANG, Cheikh GUEYE, Abdou Aziz Diagne, Ibrahima GUEYE, Moussa DRAME, Mandiaye GAYE, Bamba Ndiaye, Moustapha Sow, Mareme Dansokho, Mamadou Diouf, Saliou Sarr, Pape Mbaye et Seynabou Gueye.
Bes Du Ñakk était alors, et reste aujourd’hui, convaincu que la voie d’un Sénégal où il fait bon vivre commence nécessairement par une prise en compte réelle des conclusions de ces Assises et d’une application de la Charte de Gouvernance Démocratique. C’est ainsi que le mouvement avait organisé une large discussion dans une conférence le 19 mars 2011 à Terrou-Bi intitulée : Les Assises Nationales, désir d’émancipation, présidée par le Président Ahmadou Moctar MBOW avec la contribution remarquable de Mamadou Lamine LOUM. Plus tard avec les rapports de la Commission Nationale de Réforme des Institutions issus des Assises Nationales, Bes Du Ñakk organisait avec Mamadou Lamine LOUM une discussion sur les dispositions de la réforme. C’est un engagement sans faille depuis dix (10) ans et Bes Du
Ñakk continuera à œuvrer pour que cette initiative exceptionnelle des patriotes de ce pays soit traduite dans la réalité
Parmi tous les scénarii envisagés par les acteurs, Dieu nous a gratifiés du scenario le plus favorable et le moins probable : le départ de Abdoulaye WADE et son remplacement par une équipe issue des Assises Nationales. Le 25 mars 2012 ce rêve est devenu réalité avec l’élection Macky Sall Signataire des assises, président de la république. La lettre de Serigne Mansour Sy Djamil faisant une prière : « j’implore Allah (SWT), dans Sa Sagesse Infinie, ici près de la Mecque et de Médine, pour qu’Il aide les Assises Nationales à créer les conditions d’un dialogue intégratif avec la participation du Président Abdoulaye WADE et son Gouvernement, en y associant toutes les composantes de la Nation. N’exclure, personne, pour développer un vaste mouvement démocratique, qui aura au cœur de son action et de son projet, un Sénégal où il fait bon vivre, dans la paix et la concorde. Pour que le 1er Juin soit une date de rupture. » Mais Hélas, les fruits n’ont pas eu la promesse des fleurs. De renoncement en renoncement, de reniement en reniement, les Conclusions des Assises Nationales et la Charte de Gouvernance Démocratique ont été négligées à la grande indignation des braves femmes et hommes, mais surtout des jeunes, qui se sont investis pour reconstruire cette patrie qui nous est chère. Les récentes sorties d’un acteur clé des Assises, en l’occurrence l’ancien premier ministre Mamadou Lamine LOUM, traduisent l’ampleur de la déception du peuple Sénégalais dans sa diversité.
Mais les Assises Nationales sont indépassables parce que les circonstances qui ont présidé à son avènement sont indépassées. Notre système éducatif est devenu l’ombre de lui-même, les fonctionnaires sont au cœur de l’appareil politique de l’Etat, les fondements de nos institutions sont bafoués avec l’assujettissement continu des pouvoirs judiciaire et législatif, le processus électoral est pris en otage, les prix des denrées de premières nécessites augmentent discrètement d’où la cherté de la vie ; entre autres maux.
C’est pourquoi Bes Du Ñakk réaffirme maintenant, plus que jamais, son engagement à être la vigie et le vigile pour traduire dans la réalité les Conclusions des Assises Nationales ; engagement qui figure en bonne place dans son Manifeste. En effet « les signataires de ce Manifeste ont décidé de se fondre dans ce processus, en souhaitant contribuer à ouvrir un débouché politique aux profondes aspirations des Sénégalais. Loin de la prétention d’être un bréviaire révolutionnaire présentant un nouveau projet sur tous les sujets, ce Manifeste est plutôt, sous la forme d’une invitation au débat et à l’action, une contribution sur ce qui pourrait être ce Sénégal du 21e siècle que nous voulons construire dès maintenant à partir des acquis passés et présents. » Quand l’essentiel est en danger, est-il possible de ne pas s’engager ?
Voici le texte c’est de l’histoire, de l’histoire vraie : le passé, le présent et l’avenir.
DJEDDAH, LE 30 MAI 2008 LETTRE ADRESSÉE AU PRÉSIDENT DU BUREAU DES ASSISES NATIONALE
Monsieur le Président,
J’ai bien reçu votre lettre m’invitant à participer à l’installation du Bureau des Assises Nationales. Des raisons de service me retiennent à Djeddah où se déroulent les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque Islamique de Développement (BID), du 30 mai au 06 juin 2008.
Je m’étais engagé par contrat, il y a de cela six mois, pour les Assemblées Annuelles, il m’était difficile de ne pas honorer cet engagement.
Cependant, je regrette profondément de ne pouvoir être parmi vous en ce moment de l’histoire de notre pays où tout est fait pour briser l’échine, intimider et bafouer la dignité individuelle et collective, de ceux qui ne se résignent pas, dont le seul péché est de vouloir discuter des problèmes du pays, comme cela se passe dans toutes les démocraties.
Il est salutaire, pour notre République, que les sénégalais ne cèdent pas aux pressions et aux menaces proférées par les plus hautes autorités de notre pays.
Les Assises Nationales que vous lancez, aujourd’hui, sont ouvertes à toutes les formations politiques, à leurs adhérentes et adhérents, aux militantes et aux militants des syndicats, aux organisations de la société civile, aux organisations religieuses ou laïques, à celles et à ceux qui sont à la recherche d’un cadre dynamique permettant à chacune et à chacun de saisir les enjeux et de participer à la réflexion.
Grâce à cette démarche, nourrie par notre histoire récente et ancienne, vous contribuez à ce qu’un véritable débat politique commence à s’organiser à l’échelle du pays, un débat franc, ouvert et constructif sur les grands choix qui président à notre destin, débat sur les orientations stratégiques de notre développement, débat sur les Lois et règlements dont devrait se doter le Pays, débat sur la société dans laquelle nous vivons, comment la transformer conformément aux conditions objectives du Sénégal et compte tenu du caractère de notre époque ? Pour quel objectif ? Qui doit s’unir à qui et comment ? Quelle part de responsabilité revient aux forces du progrès ? Sur quelles valeurs, cette société doit-elle reposer ?
« Un régime est à l’agonie – dirait Montesquieu dans l’Esprit des Lois – quand on n’y entend plus le bruit d’aucun conflit, sinon celui pitoyable des petites ambitions et des grands appétits. »
Le débat est aujourd’hui entamé : il bouscule et interpelle la société entière. Et le pouvoir en place, sans le vouloir, y participe. En témoignent les déclarations angoissées de ces derniers jours. Mais, j’attends, de sa part, une participation plus sereine, plus argumentée, plus assumée et plus consciente de son rôle de pouvoir public et de l’avantage qu’il peut tirer d’un échange fructueux avec des personnalités respectables et respectée, qui n’ont rien à prouver et dont le seul souci est, en participant aux Assises Nationales, d’être encore une fois, utiles à leur pays.
Le Président Abdoulaye WADE doit participer à ces Assises. C’est ce que mon cœur pressent et la raison m’impose de dire. Et, je lui connais une intelligence fine, un sens des réalités et une générosité qui me laissent espérer qu’il le fera.
Si tel n’était pas le cas, le Président de la République laisserait dans la conscience des citoyens sénégalais une informe et monstrueuse béance. Saisis de vertige devant l’horreur de cette béance alors « tous les fils du peuple devront se dresser dans un même élan irrésistible et enthousiaste » pour réduire et combler cette béance. C’est la seule réponse qui convient à une situation où le sol de notre pays tremble et s’affaisse ; et ce qui commence à s’effondrer n’est rien moins que notre identité de sénégalais. Cette incertaine et fuyante identité d’une Nation qui se construit et qui hante notre désarroi devant l’insouciance d’une génération vidée d’intériorité, de dignité, dépourvue d’éthique, au cœur presque inhabité, engloutie corps et âme dans cette étrange descente aux abîmes qu’il convient de conjurer maintenant plus que jamais. Notre désir, le plus fervent, est que les Assises Nationales puissent y contribuer. C’est pourquoi, je suis avec vous de tout cœur.
Tout en renouvelant mon accord d’être membre de votre Bureau, j’implore Allah (SWT), dans Sa Sagesse Infinie, ici près de la Mecque et de Médine, pour qu’Il aide les Assises Nationales à créer les conditions d’un dialogue intégratif avec la participation du Président Abdoulaye WADE et son Gouvernement, en y associant toutes les composantes de la Nation. N’exclure, personne, pour développer un vaste mouvement démocratique, qui aura au cœur de son action et de son projet, un Sénégal où il fait bon vivre, dans la paix et la concorde. Pour que le 1er Juin soit une date de rupture.
Plein de succès au lancement des Assises Nationales.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma respectueuse considération.
Mansour Sy Djamil